Souvenirs-vous : à Paris, en 1986, Matsuri importait en France le concept nippon de sushi en libre service sur comptoir tournant. Fin 2023, la douzaine de restaurants est rachetée par deux ponts de la restauration, Adrien de Schompré, cofondateur de Sushi Shop et Céleste Velarde, ancienne directrice artistique de Big Mamma Rudy Guénaire, co-fondateur de PNY, s'attaque à l'adresse de 200 mètres carrés de la rue Victor Hugo, à Paris.
À lire aussi : Embarquement immédiat : SuperChina, traiteur ovni imaginé par Rudy Guénaire, vient de se poser à Paris
Un nouveau souffle pour Matsuri
« J'avais mis une fois les pieds dans un restaurant Matsuri, il y a 15 ans ! vol de nuit – référence au roman Vol de Nuit d'Antoine de Saint-Exupéry (1931). corriger la décoration : peinture blanche, des spots en abondance, des bouches d'aération à foison, quelques morceaux de bambou pour se mettre dans l'ambiance… »Le lieu était fonctionnel, mais ne racontait aucune d'histoire.« Le designer conserve tout de même un détail de taille, le sol, des petits galets noirs posés les uns à côté des autres qui lui rappellent de loin les extérieurs de la villa impériale de Katsura, à Kyoto au Japon.
Le bref tient en trois mots : Californie, Japon Coureur de lame (d'accord, quatre mots).Les repreneurs désiraient changer totalement l'esprit du lieu et attirer une nouvelle clientèle, notamment grâce à une lecture californienne du sushi, qui se retrouve à travers la grande variété de couleurs, d'ingrédients, les sauces délicieuses à base de mayonnaise…»eà bien!» assure Rudy Guénaire. “J'ai tout de suite aimé l'idée de rapprocher ces deux régions, pas simplement en terme d'esthétique, mais également en ce qui concerne la philosophie.»
Le Japon à la sauce californienne
De la Californie, il emprunte les lignes obliques et le japonisme propre aux modernistes, dont Frank Lloyd Wright, «notre dieu à tous» précise-t-il, qui a rapporté de ses voyages nombre d'inspirations. – les seuls que Rudy Guénaire apprécie réellement !
Le cofondateur des restaurants PNY conserver – évidemment – le Kaitencet ilot central typiquement nippon où défilent les plats sur un tapis roulant.Cette façon d'attendre l'arrivée des mets est si japonaise, si mignonne ! Je voulais traiter cet élément comme un mini bâtiment aux formes modernistes regardant vers le Japon. L'objet en lui-même symbolise l'alliance des deux cultures : la table est en Formica, typiquement américain et se termine en bois foncé, très japonais.
J'imaginerai pour l'occasion une nouvelle chaise, robuste, qu'il croit inspirée des assises caractéristiques des izakayal'équivalent japonais d'un bar à tapas populaire et bon marché.Et en fait, pas du tout ! Je me suis senti comme les architectes américains du siècle dernier qui fantasmaient le Japon sans y être aller, infusant leurs créations de leur propre vision du pays du Soleil levant.»
Rudy Guénaire : «J'aime me perdre dans le temps»
Et Coureur de lame, dans tout ça ? Rudy Guénaire, dont le travail fleuri bon le rétrofuturisme, s'inspire de l'esthétique du film réalisé par Ridley Scott en 1982 (et librement inspiré du roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (1966) de l'auteur de science-fiction Philip K. Dick) : «Même dans le deuxième opus (Coureur de lame 2049Denis Villeneuve, 2017, NDLR) il y a un gros travail sur l'architecture et la lumière : les néons de toutes les couleurs, cabossés, qui grésillent, cette image d'un futur caisse», loin des univers aseptisés du Space Age.
Il fusionne cette idée avec les plafonds japonais de la Louis Penfield House, construite par Frank Lloyd Wright en 1955 dans la banlieue de Cleveland, Ohio, dans le nord est des États-Unis.Le système d'éclairage interne permet de choisir les couleurs très finement. J'ai misé sur un éclairage coloré, pour rappeler les fameux néons du blockbuster.'ai privilégié des teintes très californiennes, joyeuses et optimistes, que j'ai cherché à « japoniser » en les désaturant. , le papier…»
Le restaurant Matsuri de la rue Victor Hugoà Paris, ainsi rouvert ses portes après moins de 7 semaines de travaux et une métamorphose complète.J'aprécie particulièrement tout ce qui se rapporte au rétrofuturisme, et j'aime piocher dans plusieurs époques afin de brouiller les pistes.» Ravis du résultat, Adrien de Schompré, Céleste Velarde et Sébastien Blanchet lui confient un deuxième restaurant de la chaîne, celui de la rue Marboeuf, dans le 8e.J'ai déjà une idée en tête mais je ne dirai rien, à part que ce sera très différent.« Le suspense est insoutenable.
> Restaurant Matsuri, 119 Av. Victor Hugo, Paris 16e.
À lire aussi : Pourquoi les restaurants PNY sont-ils aussi cool ?